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Guillaume APOLLINAIRE Manuscrit autographe signé – Trois histoires de châtiments

Numéro du lot : 9

Estimation : 2000/3000 €

Guillaume APOLLINAIRE
Manuscrit autographe signé – Trois histoires de châtiments divins.
Onze pages grand in-4° aux versos de feuillets aux en-têtes d’hôtelleries allemandes.
Indications de typographe, au crayon gras, sur chaque feuillet.
Quelques défauts et fragilités marginaux.
[Septembre-octobre 1902]

Précieux manuscrit, avec ratures et corrections, de ces « Trois histoires de châtiments divins » publiées dans la Revue Blanche en octobre 1902 : « Le Giton », « La Danseuse » et « D’un monstre à Lyon ou l’envie ». L’année 1902 marque l’apparition, en mars, du pseudonyme de « Guillaume Apollinaire ».
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. Le Giton (3 pages) évoque les thèmes de la fausseté et de l’ambigu chers à Apollinaire. Louis Gian, fils d’un marchand d’huile à Nice, est homme de mauvaise vie assassiné par quatre semblables :

Quatre jeunes gens, qui ne valaient en somme pas mieux que Louis Gian, l’attendirent un soir qu’il était allé seul au théâtre. […] Lorsque Louis Gian arriva après minuit, ils se précipitèrent sur lui, le bâillonnèrent et, l’ayant hissé sur la grille de la villa, l’empalèrent et se sauvèrent en se donnant des tapes. L’empalé mourut, avec volupté peut-être…

. La Danseuse (4 pages) conte l’histoire et la mort de Salomé (un des grands sujets de l’époque décadente et symboliste ; Apollinaire lui consacrera un poème dans Alcools) qui meurt comme elle a péché :

Salomé, dont la belle danse avait sillé les yeux du roi, périt en dansant ; mort étrange qu’envieront les ballerines […] Il arriva que, s’étant un jour d’hiver égarée seule au bord du fleuve gelé, elle fut séduite par la glace bleuâtre et s’élança dessus en dansant. […] Soudain, la glace se brisa sous elle qui s’enfonça dans le Danube, mais de telle façon que, le corps étant baigné, la tête resta au-dessus des glaces rapprochées et ressoudées. Quelques cris terribles effrayèrent de grands oiseaux au vol lourd, et, lorsque la malheureuse se tut, sa tête semblait tranchée et posée sur un plat d’argent.

. D’un monstre à Lyon ou l’envie  (4 pages) décrit la soif de paternité du soyeux lyonnais Gaétan Gorène, par le prisme d’une religion reniée et d’un confesseur trouble. L’épouse de Gorène accouche enfin : … le mari, haletant d’émotion, voulut savoir de quel sexe était l‘enfant, la sage-femme leva les bras au ciel en disant : « C’est un monstre ! » et le médecin qui l’assistait dit : « C’est un hermaphrodite ! » À la suite de ce monstrueux événement, le riche soyeux faillit devenir fou de douleur. Reconnaissant que tout arrive par la main de Dieu, il se résigna, devint dévot, donna de grandes sommes aux œuvres, et édifia tout le monde par sa piété…

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Bibliographie :
. G. Apollinaire. Œuvres en prose complètes. Tome I, pp. 123 à 129.